Un an du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l’Eglise : ce qui a été fait, ce qu’il reste à faire

Il y a un an était publié le rapport choc de la « commission Sauvé », démontrant l’ampleur de la pédocriminalité dans l’Eglise catholique depuis 1950. Au total, selon l’estimation de la commission, 216 000 personnes aujourd’hui majeures auraient été agressées par un prêtre ou un religieux alors qu’elles étaient mineures.

Le chiffre monte à 330 000 si l’on inclut les victimes de laïcs liés à l’Eglise catholique (catéchistes, encadrants scolaires ou de mouvements de jeunes, etc.). « Séisme », « ouragan », « commotion » : lors de la diffusion de ces chiffres, les responsables catholiques ne manquaient pas de qualificatifs pour témoigner de leur consternation.

Un an plus tard, l’heure est au premier bilan. Si un certain nombre de mécanismes de réparation ont été mis en place, le rythme est trop lent aux yeux de certaines victimes et associations.

Ce qui a déjà été mis en place

Le rapport Sauvé avait émis quarante-cinq recommandations. Certaines ont été immédiatement suivies d’effet : l’Eglise a par exemple, dès novembre 2021, reconnu sa « responsabilité institutionnelle », ainsi que le caractère « systémique » des violences.

L’institution a également « décidé d’engager un processus de reconnaissance de la qualité de victime et de réparation des dommages commis en son sein ». Un processus qui répond au fait que, dans de nombreux cas, les victimes n’ont aucun recours, en raison de la mort de l’agresseur ou de la prescription des faits.

Une Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) a été créée pour identifier et indemniser les victimes de prêtres et de laïcs. Les évêques ont « pris la mesure de l’ampleur du phénomène », assure aujourd’hui Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF). Ils « se sont mis au travail ».

« Les institutions ont aussi fait leur travail », abonde sœur Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (450 congrégations), qui a également mis sur pied une Commission reconnaissance et réparation (CRR), chargée de faire de la médiation entre victimes et instituts religieux, fixant à ces derniers d’éventuelles réparations financières.

Un an après la publication du rapport, quarante-cinq victimes ont eu ou vont recevoir prochainement une réparation financière, sur un total de mille quatre demandes de réparation, a annoncé vendredi 30 septembre la présidente de l’Inirr, Marie Derain de Vaucresson. Côté CRR, sur quatre cents dossiers relevant de sa compétence, « au moins quinze victimes ont été payées par les congrégations religieuses », dont quatre portent sur la tranche 50 000-60 000 euros.

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