La traditionnelle vente de vins des Hospices de Beaune (Côte-d’Or), le 20 novembre, a atteint des prix record. C’est heureux pour l’hôpital de la ville et les deux associations entre lesquels sont partagés les bénéfices, mais aussi pour les vins de Bourgogne, dont la resplendissante santé se voit ainsi confirmée.
Les enchères pour 802 barriques de 228 litres chacune, issues de vignes appartenant à l’hôpital et des vendanges de septembre, ont atteint 31,3 millions d’euros (avec les frais), auxquels il faut ajouter la « pièce des présidents », contenant un corton grand cru, vendu 810 000 euros. Ce produit total a plus que doublé par rapport à l’an dernier. « Oui, mais le nombre de pièces à vendre a aussi quasiment doublé par rapport à 2021, et la qualité des jus est belle », tempère Jasper Morris, spécialiste de la Bourgogne et consultant pour Sotheby’s.
Il n’empêche, la profusion de barriques n’a pas fait baisser le prix moyen de chacune, au contraire : il est en hausse de 8,2 % par rapport à l’an dernier, surtout, constate Jasper Morris, grâce aux grands crus de blancs, dont les enchères se sont envolées, et aussi quelques rouges plus abordables.
La rareté fait monter les prix
Les négociants sont les principaux acheteurs, avec en tête la maison Albert Bichot : 111 pièces pour 984 000 euros. « Je suis né aux Hospices de Beaune, et participer à cette vente est un engagement pour moi », explique Albéric Bichot, qui dirige la maison familiale. Ce dernier ne paie pas seul sa facture, car – comme tous les négociants – il est mandaté par de nombreux clients privés, « contents de participer à l’effort global et de recevoir aussi des grands vins de Bourgogne avec des étiquettes personnalisées à leur nom, à celui de leur restaurant ou de leur entreprise ».
Si on fait d’abord une bonne action en achetant à Beaune, on hésite d’autant moins que la Bourgogne a le vent en poupe. Pour Jasper Morris, les 8 % de hausse moyenne de la barrique illustrent l’évolution du prix des bouteilles de bourgogne chez le caviste, qui, depuis plusieurs années, est « en nette augmentation ».
En décembre 2021, à l’heure de mettre en vente le millésime 2020, les vignerons avaient augmenté leurs prix pour compenser sa trop faible quantité. Sans que les consommateurs rechignent à l’acheter. Il pourrait se passer la même chose cette année avec le millésime 2021. « Ce que j’entends partout dans le vignoble, c’est que les vignerons vont encore augmenter leurs prix », confirme Jasper Morris. Il faudra voir si une nouvelle hausse aura lieu sur le millésime 2022, dont la quantité comme la qualité sont déjà assurées.
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