Le 7 décembre, en conseil des ministres, un décret démettant de ses fonctions la préfète d’Indre-et-Loire, Marie Lajus, a été signé.
La stupéfaction provoquée par cette nouvelle s’est doublée d’une incompréhension totale lorsque, dans Le Canard enchaîné du 14 décembre puis dans La Charente libre, nous avons pris connaissance des premiers éléments qui auraient motivé cette décision. La préfète Marie Lajus aurait été limogée pour avoir fait respecter le droit de l’urbanisme dans une affaire de projet immobilier. C’est ainsi une profonde injustice que nous, citoyens attachés au respect de la loi, avons découverte : la volonté de faire primer des intérêts particuliers sur l’intérêt général, même lorsqu’il a force de loi.
De quoi parlons-nous concrètement ? D’un projet d’incubateur visant à réunir start-up et chercheurs, que son promoteur souhaiterait construire dans le parc du château Louise de La Vallière, à Reugny (Indre-et-Loire). Or, la zone d’installation projetée étant boisée et proche d’un monument historique, elle n’est pas constructible, tant aux termes du code de l’urbanisme qu’au regard des principes de la loi Climat et résilience de 2021. Entendant privilégier des retombées économiques à la protection de l’environnement, quelques élus envisageaient d’ignorer la loi en tentant de rendre le terrain constructible.
Face à cette situation, qu’a fait la préfète d’Indre-et-Loire ? Ce que toutes les préfètes et les préfets de France auraient fait : exercer leur rôle de garant du respect de la loi. La préfète Marie Lajus aurait ainsi avisé les élus concernés que, s’ils parvenaient à rendre ce terrain constructible, la légalité de cette décision serait attaquée par les services de l’Etat. Le mécontentement d’élus prêts à passer outre le respect de la loi aurait donc conduit, par des voies qui nous échappent, au débarquement sans préavis ni nouvelle affectation de la préfète Marie Lajus.
Impartialité et humanité
Marie Lajus est une préfète dont le professionnalisme est unanimement salué dans les territoires où elle a eu à exercer. A travers son impartialité, sa probité et son humanité, elle incarne ce que la société attend de l’Etat.
Nous affirmons notre soutien plein et entier à Marie Lajus et, à travers elle, à celles et ceux qui œuvrent au quotidien au respect de la loi. Car assurer le respect de la loi, c’est la condition de notre liberté, c’est permettre l’égalité et la protection de tous, c’est garantir l’effectivité de notre démocratie.
Acteurs de la société civile, fonctionnaires et élus des territoires où a exercé Marie Lajus, nous ne pouvons croire que, interpellé sur cette injustice, le président de la République n’entreprenne pas de rétablir l’honneur et la cohérence de l’Etat en prenant les mesures nécessaires.
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