Désormais dans la position des chasseurs, les Toulousains entendent profiter de leur recrutement pour reconquérir le bouclier de Brennus. Mais attention encore aux doublons.
Parce qu’il avait placé le curseur très haut ces dernières saisons en Top 14 (champion en 2019 et 2021), le Stade Toulousain s’est retrouvé exposé aux critiques au moment du bilan. Éliminé en demi-finale à Nice alors qu’il semblait avoir fait le plus dur avec une victoire probante face à La Rochelle en match de barrage, il s’est retrouvé victime de ses succès précédents en quelque sorte. Tout est donc question de lecture et d’interprétation. Car arriver en demi-finale constitue-t-il un échec ?
Surtout quand on regarde le drôle de cheminement de cette saison avec ce fichu Covid qui a redistribué les cartes et reporté un match face au Stade Français, le 26 décembre chamboulant tous les plans stadistes en même temps qu’il a privé le club « rouge et noir » de quatre ou cinq points au classement après lesquels il s’est épuisé à courir. Plus que jamais la saison dernière, l’expression « doublon piège à c… » a collé à la peau de Toulouse.
Les doublons toujours redoutés
La question initiale reste donc en suspens : perdre en demi-finale et perdre son titre constitue-t-il un échec pour le Stade Toulousain dans un Top 14 qui a connu sept champions différents ces dix dernières années ? Elle pourrait, en tout cas, servir de base à l’opération reconquête qui sera bien entendu l’objectif du club.
Il faudra pour cela déjouer les principaux pièges qui attendent une équipe regorgeant d’internationaux. L’équipe sera dangereusement exposée à deux reprises lors de la tournée d’automne et lors du Tournoi. Difficulté supplémentaire, il s’agit d’une année de Coupe du monde. Et le comportement des internationaux sera encore plus scruté même si Guy Novès se voulait rassurant dans nos colonnes cette semaine : « Comprendre l’importance du club et être toujours disponible pour l’institution, en donnant le maximum, c’est quelque chose d’important à mes yeux. Je connais moins les joueurs actuels, même si j’ai fait débuter Antoine Dupont en sélection et que j’avais inscrit Romain Ntamack sur la liste Elite alors qu’il n’avait pas joué un match en pro. J’imagine que pour eux aussi, le Stade Toulousain est important. »
On remarquera au passage qu’une nouvelle fois, le Stade Toulousain jouera contre le Stade Français lors d’une période de doublon (en novembre), ce qui fera le troisième match consécutif des Toulousains contre les Parisiens sans leur équipe type…
Il va donc de soi que le Stade Toulousain devra, en tout cas, mieux gérer ces périodes qu’il ne l’a fait la saison dernière. Il sera jugé en premier lieu sur cette capacité d’adaptation car il n’y a pas de saison avec titre sans une période de doublon bien gérée.
Du talent et des pattes derrière
Son recrutement chez les trois-quarts pourrait constituer une première réponse quand on sait que le staff a dû, l’an dernier, parfois bricoler entre blessures et sélections. Avec ce recrutement jeune qui s’inscrit dans l’avenir, le club a retrouvé du talent et des pattes derrière. Et du coup, un équilibre dans ses lignes et dans son jeu.
On ne saurait prédire exactement ce que sera cette cuvée stadiste mais on parierait bien un billet qu’il y aura du spectacle et que le contenu sera supérieur à celui de l’an dernier.
Entre continuité avec un groupe qui fut deux fois champion de France et une fois champion d’Europe, et arrivées de joueurs jeunes (une moyenne d’âge de 24 ans) au talent incontestable et en adéquation avec le jeu « rouge et noir », on en oublierait presque que le club va également voir éclore de jeunes pépites issues de sa formation. Pour une émulation capable de tirer l’équipe vers le haut.
De plus, Toulouse ne devrait pas perdre énormément d’énergie sur le front des transferts puisqu’il a sécurisé tous ses cadres lors de la dernière édition, et qu’il n’a que six fins de contrats à gérer.
Fort de tous ces éléments en sa possession, le Stade va donc devoir enclencher une nouvelle dynamique pour mener à bien cette opération reconquête. Et il sera cette fois dans la position du chasseur. Et non celle du chassé. Mais au regard de son standing, il sera tout de même attendu sur tous les terrains…
Philippe Lauga