L’ex-président brésilien Jair Bolsonaro, dont des proches avaient déjà été mis en cause, est désormais lui-même directement dans le viseur de la justice pour son rôle dans le saccage d’institutions nationales par des partisans d’extrême droite, à Brasilia, le 8 janvier.
Le parquet général a demandé, vendredi 13 janvier, à la Cour suprême de soumettre l’ancien chef d’Etat d’extrême droite à une enquête « qui cherche à clarifier l’instigation et le magistère moral des actes antidémocratiques qui ont débouché sur des épisodes de vandalisme et de violence à Brasilia » dimanche.
Jair Bolsonaro, battu de justesse par le candidat de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, « a effectué une incitation publique à l’exécution d’un crime » en diffusant sur les réseaux sociaux une vidéo « mettant en cause la régularité de l’élection présidentielle de 2022 », a expliqué le parquet dans un communiqué.
Une vidéo publiée puis effacée
La vidéo a été publiée deux jours après la violente invasion du siège de la présidence, du Congrès et de la Cour suprême par des milliers de bolsonaristes, puis effacée, a rappelé le parquet, mais elle pourrait apporter « un lien de preuve » justifiant « une enquête globale sur les actes effectués avant et après le 8 janvier 2023 » par Jair Bolsonaro.
La police fédérale a arrêté 1 843 personnes à l’issue des émeutes survenues une semaine après la prise de fonction du président de gauche Lula pour un troisième mandat. La plupart se trouvaient dans un campement, installé depuis deux mois devant un centre de commandement de l’armée, où ils réclamaient une intervention militaire pour empêcher l’accession de Lula au pouvoir.
Mercredi, 1 159 personnes avaient été interpellées, et 684 personnes âgées ou malades, parents de jeunes enfants ou sans-abri libérés. Les chefs d’inculpation retenus contre les émeutiers sont « terrorisme », « association criminelle », « attaque de l’Etat démocratique », « participation à une tentative de coup d’Etat » et « incitation au crime ».
Enquêtes en cours
Le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes a ordonné, jeudi, l’ouverture d’une enquête sur la conduite du gouverneur de district fédéral de Brasilia, Ibaneis Rocha, suspendu de ses fonctions pour 90 jours, et celle des commandants de la sécurité publique de la capitale lors des « actes terroristes ».
Des enquêtes sont en cours contre M. Rocha mais également contre Fernando de Sousa Oliveira, ancien secrétaire à la sécurité par intérim, Fabio Augusto, commandant de la police militaire dans le district fédéral, ainsi que contre Anderson Torres, secrétaire de la sécurité à Brasilia et ancien ministre de la justice de Jair Bolsonaro.
M. Torres est depuis vendredi au cœur de révélations compromettantes après la découverte, chez lui, d’un projet de décret qui aurait pu permettre l’annulation de l’élection de Lula à la présidence. Mardi, M. Moraes a émis un mandat d’arrêt contre MM. Augusto et Torres (ce dernier était en vacances aux Etats-Unis au moment des violences et a promis de rentrer au Brésil) pour « omission et collusion ».
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