Placée dans la poule A du tout nouveau championnat de Régional 1 de rugby, l’US Tarascon-sur-Ariège peste contre de futurs déplacements « languedociens » très (trop) lointains. Michel Audabram, coprésident, ne cache pas sa très grosse colère et menace. Le club de Laroque-Bélesta, placé dans la même poule, lui emboîte le pas.
Michel Audabram, coprésident de l’Union sportive Tarascon XV, en Ariège, ne décolère pas. Depuis l’annonce de la composition des poules de Régionale 1 (ex-Honneur, qui regroupe aujourd’hui les équipes Honneur et Promotion honneur) par la Ligue Occitanie, c’est l’ensemble de l’UST XV, auquel s’ajoute l’ES Laroque-Bélesta (voir par ailleurs), qui sont scandalisés par le traitement que leur a réservé l’instance fédérale. En 2022-2023, direction l’Aude, les Pyrénées Orientales et l’Hérault pour les Ariégeois. De 400 à plus de 500 kilomètres de déplacement tous les quinze jours, de quoi faire grossir le vent de la révolte aux pieds des Pyrénées, à Tarascon en particulier.
Que reprochez-vous à la Ligue Occitanie ?
Quand nous avons eu connaissance de notre poule, nous avons réagi. On nous a alors reproché l’absence de réponse du comité départemental de l’Ariège à une demande de date de réunion lors de laquelle tout a été bouclé ! Une réunion lors de laquelle il a plus été question de l’Andorre, du statut des étrangers qui évoluent en principauté, que de l’intérêt des « petits » clubs comme le nôtre. Devant le refus de clubs, notamment Haut-Garonnais, de jouer Andorre, la solution semble s’être faite sur notre dos. Et maintenant, alors qu’Andorre a décidé de rejoindre la fédération espagnole, les seuls perdants, oubliés, ce sont les deux Ariégeois.
Quelles sont les incidences pour l’UST XV ?
Financièrement, nous avons un budget déplacement qui va presque doubler, passant de 30 000 € à 50 000 €. Côté joueurs, la vie de chacun va être impactée avec des dimanches lors desquels ils passeront plus de temps dans le bus que sur le terrain pour pratiquer leur passion, le rugby. Les supporters, de leur côté, ne pourront sans doute pas suivre leurs protégés, comme ceci fut le cas jusqu’à présent avec des rencontres en Haute-Garonne, dans le Tarn ou dans le Tarn-et-Garonne.
Qu’envisagez-vous alors ?
Nous allons communiquer, faire savoir comment la Ligue traite les clubs comme les nôtres. Nous ne pesons sûrement pas autant que certains au niveau fédéral, mais nous avons le cœur de ceux qui s’engagent pour un sport, pour des valeurs. Nous n’abandonnerons pas. La Ligue pourrait opter pour une poule à 12 en nous raccrochant au groupe B. Mais la réunion avec le président Doucet et le responsable des compétitions ne nous laisse pas trop d’espoir. Ceci d’autant qu’ils nous opposent l’absence de prise de position du comité départemental, qui n’aurait pas réagi lors de la présentation des poules courant juillet.
Et maintenant ?
J’ai eu Bernard Laporte au téléphone. Il m’a assuré contacter le président Doucet, tout en me disant qu’il n’y pouvait rien. Nous envisageons de faire un recours, y compris juridique. Nous n’écartons pas l’idée de mettre en sommeil l’UST XV pour montrer notre colère, et pour ne pas baisser les bras devant la toute-puissance de quelques dirigeants. Se plier à la décision c’est leur donner raison, et c’est bien mal connaître les rugbymen ariégeois, les montagnards que nous sommes !
Jusqu’à 594 km aller-retour
Voici les déplacements qu’auraient à effectuer l’US Tarascon XV dans la poule A de Régionale 1 :
Mauguio Carnon (Hérault) : 297 kilomètres de Tarascon-sur-Ariège, soit 594 km aller – retour. Avenir Bleu Blanc – Capestang (Hérault) : 436 km aller-retour. Poussan (Hérault) : 534 km aller-retour. Fleury d’Aude (Aude) : 424 km aller-retour. Plage d’Orb (Valras – Hérault) : 400 km aller-retour. Perpignan Haut-Vernet (Pyrénées-Orientales) : 504 km aller-retour. Bédarieux (Hérault) : 456 km aller-retour. Laroque-d’Olmes (Ariège) : 70 km aller – retour.
Frédéric Laffont, président de l’ES Laroque-Bélesta : “On va vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête”
Même si le président de l’ES Laroque-Bélesta se veut moins radical que son homologue, Frédéric Laffont partage la même colère que Michel Audabram, le coprésident tarasconnais. “On a fait un recours conjoint avec l’UST. Un recours qui a été rejeté alors que nous pensions avoir présenté de solides arguments pour pouvoir faire changer la décision et la composition des poules. Même sir ce sera sans doute dans de plus faibles proportions, nous aussi on va devoir faire face à une augmentation du budget déplacement. Et quand on doit faire plus de 3 heures de bus, on est obligés d’avoir un deuxième chauffeur. Et un chauffeur de plus, c’est 300 euros. Mais ce qui nous inquiète le plus, c’est de devoir faire face à des défections de joueurs pour les trop longs déplacements. Dans ce cas-là, on ne pourrait pas aligner d’équipe réserve. Avec toutes les conséquences qui vont avec. On va vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Mais les décisions ont l’air définitives. On est bien obligés d’obtempérer. On va voir comment la saison va se dérouler. Si les choses se passent mal, on se souviendra de tout ce qui s’est passé.”