Pour le lancement de sa campagne européenne, Jordan Bardella dresse un portrait apocalyptique de la France et de l’UE

Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national pour les élections européennes, lors de son meeting de lancement de campagne, à Marseille, le 3 mars 2024.

Pour jeune qu’il soit, Jordan Bardella n’en a pas moins le goût du rétro. Un slogan de campagne – « La France revient, l’Europe revit » – en clin d’œil au « America is back » de Ronald Reagan, dans un premier meeting pour les élections européennes largement consacré à l’immigration, où il développe le fantasme d’un pays où les Français ne seraient plus chez eux rappelant les discours de Jean-Marie Le Pen. Mais aussi une vision de l’Europe qui la ramènerait au temps du traité de Rome, une playlist faisant la part belle aux tubes du XXe siècle, le tout avec une manifestation organisée par des opposants à l’extrême droite à quelques kilomètres…

Il flottait donc un air venu tout droit des années 1980, dimanche 3 mars, au parc Chanot de Marseille. Devant quelque 5 000 militants, la tête de liste du Rassemblement national (RN) a lancé la campagne de son parti, en se livrant à un réquisitoire contre l’Union européenne et contre Emmanuel Macron, tout à sa tentative de faire du scrutin du 9 juin un référendum contre le chef de l’Etat.

Le ban et l’arrière-ban du parti lepéniste s’étaient déplacés pour ce meeting annoncé comme le plus important d’ici au vote – son coût est de 400 000 euros, près d’un dixième du budget de campagne. Avec deux absents de marque : le maire de Fréjus, David Rachline, cible d’une enquête sur sa gestion de la ville après la parution d’un livre dénonçant une série d’irrégularités, dont il se défend. Et le maire de Perpignan, Louis Aliot, premier vice-président du parti, retenu dans sa ville.

Relents complotistes

Derrière les rangées d’élus, l’imposante présence des troupes du Rassemblement national de la jeunesse a offert au duo Marine Le Pen-Jordan Bardella un accueil de rock stars, avant de perdre en dynamisme au fil des discours. Marine Le Pen s’est livrée à une charge contre l’équipe du premier ministre Gabriel Attal, qualifiée de « gouvernement de fantômes qui erre sans but ». Elle a également annoncé sa présence « symboliquement » à la dernière place de la liste de son parti aux européennes, ainsi qu’un ajout à son programme de candidate putative à la présidence de la République : l’inscription de la « dissuasion nucléaire » dans la Constitution.

Marine Le Pen, lors du meeting de lancement du RN aux élections européennes à Marseille, le 3 mars 2024.

Comme Jordan Bardella après elle, la cheffe de file de l’extrême droite a offert une description apocalyptique et aux relents complotistes de l’avenir proposé, selon elle, par l’Union européenne. Laquelle ne voudrait par exemple pas mener une « transition écologique » mais « un effacement anthropologique ». A l’entendre, l’explosion du coût de l’énergie ne serait « pas un hasard », mais « un choix idéologique dont l’objectif est de limiter l’activité industrielle et même individuelle des Français ».

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