Un nouveau moyen de donner la parole aux Français et de créer du consensus, espère la présidence. Le Conseil national de la refondation (CNR), lancé début septembre par le chef de l’Etat et la première ministre, a en effet donné naissance, lundi 3 octobre, à un site Internet, baptisé Conseil-refondation.fr, où les Français pourront être consultés, afin d’alimenter les CNR thématiques et territoriaux.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux le même jour et visant à expliquer l’objectif du CNR, Emmanuel Macron a appelé les Français à « participer » aux débats afin d’« apporter leurs idées » sur « l’écologie, l’école, la santé, la démographie, le travail », et de « transformer » la France « envers et contre tous les blocages ».
« Nous pouvons changer les vies si nous décidons de le faire », a notamment avancé le chef de l’Etat. « Je compte sur vous avec beaucoup d’enthousiasme, de conviction, de force » afin de « trouver de manière intelligente, tous ensemble, les bonnes solutions, loin des postures, des conservatismes, loin des débats qui sont parfois caricaturaux », a ajouté M. Macron, en apprenant « d’idées, d’initiatives et de changements » parfois « très locaux » . Une prise de parole critiquée par le leader « insoumis » Jean-Luc Mélenchon, pour lequel « Macron bavarde » avec « un jargon hors-sol et abscons », a-t-il réagi sur Twitter.
Des consultations territoriales sur la santé et l’éducation
Les personnes souhaitant participer à cette consultation en ligne peuvent sur ce site « choisir leurs thèmes de prédilection », que ce soit sur la transition écologique, le vieillissement, la jeunesse ou encore le modèle productif, et répondre à des « premières questions basiques qui alimenteront les prochains CNR thématiques ». Des cartes et des infographies, montrant comment les projets se déploient sur le terrain, enrichiront le site à l’automne.
« L’idée est de sortir de la logique des grandes consultations » et « que le site grandisse avec eux [les citoyens]», avec « une alimentation [du site] en temps réel » en vue d’une « construction de l’action publique en temps réel », a précisé l’Elysée.
En parallèle du site Internet, deux ateliers thématiques ont été lancés sur l’éducation et la santé, lundi, dans plusieurs territoires, en attendant quatre CNR thématiques qui se pencheront sur « les grandes transitions », écologique, démographique, du modèle productif et du modèle social, et le futur du travail. S’y ajouteront, dans un troisième temps, trois autres CNR sur le logement, la jeunesse et le numérique.
Celui sur l’éducation a débuté lundi par la formation de représentants des académies au ministère de l’éducation. Le ministre Pap Ndiaye doit ensuite visiter, au cours de cette consultation, des écoles en Eure-et-Loir et en Martinique.
Sur la santé, l’autre chantier majeur et prioritaire du CNR, le débat a été lancé lundi dans la Sarthe par le ministre François Braun et la ministre déléguée chargée des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, avec l’objectif fixé par l’exécutif de répondre au « défi de l’accès aux soins ».
« Le diagnostic, on le connaît, il est partagé », a lancé M. Braun en ouvrant les débats au Mans, en présence de soignants, élus locaux et usagers du système de santé. Les urgences sont nombreuses, entre, d’une part, « des citoyens qui ont du mal à obtenir des rendez-vous, ou à trouver un médecin traitant » – 6 millions environ sont dans ce cas, dont 600 000 atteints de maladies chroniques – et, d’autre part, des professionnels de santé « épuisés après deux ans de crise sanitaire » et qui ont eux aussi « du mal à trouver du sens à leurs métiers », a-t-il constaté.
Promesse de « nouvelle méthode »
Promettant « une nouvelle méthode » de gouverner, Emmanuel Macron avait lancé le CNR, le 8 septembre, à Marcoussis (Essonne), en présence de représentants des collectivités, de syndicats et d’associations, mais sans responsables politiques de l’opposition et une partie des syndicats, qui y voient une « opération de com » plus qu’un changement de paradigme pour l’exécutif.
L’objectif du CNR est fondé sur « plus de consensus, un cadre de pensée et d’action commun et des solutions concrètes pour chacune et chacun d’entre vous », a fait valoir M. Macron dans sa vidéo publiée lundi.
Il précise avoir senti, lors de ses déplacements, « une volonté [des Français] d’être associés, mais pas simplement au moment des élections », pour « participer à la prise de décision » afin que le citoyen ne soit « pas quelqu’un à qui on va imposer des décisions ».
Sur l’éducation, Emmanuel Macron donne en exemple l’opération lancée en septembre 2021 pour donner plus d’initiatives aux établissements scolaires de Marseille. « Dès le début de l’année prochaine, il y aura des réponses concrètes et des choses qui changeront », promet-il.
Le CNR doit de nouveau se réunir en plénière d’ici le mois de décembre, sur fond de tensions politiques et de méthode autour de la réforme des retraites, alors que le gouvernement, qui a un temps étudié la possibilité de passer en force sur le sujet, lance mercredi des consultations sur ce sujet pour une durée de trois mois.
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