De sa voix rocailleuse rappelant immanquablement celle de son idole, Jean-Baptiste Guégan s’en excuserait presque : il n’a « rien prévu de spécial » pour le cinquième anniversaire de la mort de Johnny Hallyday, lundi 5 décembre. Ni bougies sur un rebord de fenêtre, ni fleurs sur la tombe du défunt, située à Saint-Barthélemy aux Antilles. « Ce n’est pas la peine, je pense à lui tous les jours », confie-t-il, dans les locaux de sa maison de disques, Sony.
Si le regret de n’avoir jamais rencontré son héros est trop fort, ce matin-là, peut-être ira-t-il se recueillir dans le petit mausolée qu’il a créé à sa mémoire, dans sa maison des environs de Valenciennes (Nord). Des centaines de vinyles, de CD, d’affiches, de drapeaux occupent l’espace. Des raretés également, comme cette casquette d’équipage du dernier yacht du chanteur (le Shane) ou ce mégot de cigarette ramassé sur son passage. « Il y a aussi une chose que les autres collectionneurs n’ont pas, plaisante-t-il à moitié, et qu’ils n’auront jamais : les cordes vocales de Johnny Hallyday. »
Si elle n’était pas sujette à d’interminables débats autour de son timbre, la carrière artistique de Jean-Baptiste Guégan, 39 ans, pourrait se résumer à cela : l’histoire d’un fan devenu le « sosie vocal » de son maître à penser, sa « réincarnation », comme le déclara, en décembre 2018, la chanteuse Marianne James sur le plateau de « La France a un incroyable talent ». « Incroyable » est aussi le qualificatif qui convient le mieux à sa trajectoire, depuis sa victoire à l’émission de M6. Le lauréat a donné 150 concerts entre-temps et vendu 400 000 exemplaires de ses deux albums, enregistrés dans un célèbre studio de Nashville, dans le Tennessee (Etats-Unis) autrefois fréquenté par Hallyday. Son troisième LP, Toutes les larmes sèchent un jour, sort vendredi 2 décembre. La majorité des morceaux ont été écrits par Michel Mallory, qui fut le parolier attitré de Johnny pendant dix ans. Adoubement suprême.
Un rêve : devenir Johnny
Ce n’est toutefois pas pour ses compositions originales que Jean-Baptiste Guégan connaît un tel succès aujourd’hui, mais bien pour ses reprises des tubes du « Taulier » (Gabrielle, Allumer le feu, Que je t’aime…). La tessiture absolument identique de sa voix subjugue. En tournée, nombreux sont les spectateurs à fermer les yeux pour l’écouter chanter et se prendre à rêver que Johnny est encore en vie. L’interprète n’est pas naïf : « Les gens viennent d’abord pour écouter du Johnny. Ils paient leur place, il ne faut pas se foutre d’eux, et leur en donner pour leur argent. »
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