Pantouflage : un tiers des anciens ministres d’Emmanuel Macron ont rejoint le privé

Après la « start-up nation » en politique, la « Macron touch » dans l’économie ? Depuis la fin du premier quinquennat du président de la République, pas un mois ne passe sans qu’une entreprise n’annonce avec fierté le recrutement de l’un de ses anciens ministres. Selon les calculs du Monde, 24 des 65 personnalités qui ont occupé un portefeuille ministériel au cours du précédent quinquennat occupent désormais des fonctions dans le privé.

Plusieurs de ces pantouflages ont nourri les soupçons de conflits d’intérêts, surtout quand des ex-ministres rejoignent un secteur couvert par leurs anciennes fonctions.

C’est le cas de l’ancien ministre des transports Jean-Baptiste Djebbari, qui a pris la présidence d’Hopium, une start-up visant la commercialisation de voitures à hydrogène, dont le succès dépendra en grande partie du soutien de l’Etat à la filière. Cette reconversion a d’autant plus suscité la polémique que M. Djebbari avait rencontré le patron d’Hopium à deux reprises dans le cadre de ses fonctions.

Cinq ans après avoir été la principale artisane des ordonnances de flexibilisation du marché du travail, l’ancienne ministre du travail Muriel Pénicaud est devenue en novembre administratrice du géant de l’intérim Manpower – concurrent d’Adecco, qui s’est attaché les services de Sibeth Ndiaye, l’ancienne porte-parole du gouvernement. Mme Pénicaud siège également au conseil d’administration de Galileo Global Education. Ce réseau d’écoles privées bénéficie de la loi « avenir professionnel » portée par la ministre en 2018, qui a démocratisé la formation professionnelle.

L’ancienne ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal est, elle aussi, restée dans son secteur : elle conseille la Fondation européenne pour le développement du management, un organisme qui délivre notamment des labels aux écoles de commerce. Quant à l’ancienne secrétaire d’Etat à la transition écologique, Brune Poirson, elle est devenue directrice du développement durable du groupe hôtelier Accor.

Courtisés pour leur influence

Souvent courtisés pour leur influence, beaucoup d’anciens ministres ont choisi de faire fructifier leur carnet d’adresses et leur expertise en devenant consultants. Dix-neuf d’entre eux ont créé leur société de conseil à destination des entreprises ou des organismes publics. Impossible toutefois de connaître les détails sur cette activité discrète : la plupart de ces sociétés sont trop récentes pour avoir déposé des comptes, et les plus anciennes utilisent quasiment systématiquement une clause de confidentialité qui leur permet de ne pas les rendre publics – c’est le cas pour Roselyne Bachelot-Narquin, Benjamin Griveaux, Roxana Maracineanu et Nicolas Hulot.

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