Le pape François juge « injustes » les lois qui pénalisent l’homosexualité

Dans un entretien à l’agence Associated Press (AP) diffusé mercredi 25 janvier, le pape François a jugé « injustes » les lois qui criminalisent l’homosexualité, orientation sexuelle qui demeure toutefois un « péché » à ses yeux. Il a appelé les prêtres qui soutiennent de telles lois à accueillir dans leurs églises des personnes homosexuelles, tout en jugeant que leur point de vue est fondé sur des contextes culturels, et a appelé de ses vœux un « processus de conversion » pour que ces prêtres accordent une dignité égale à chacune et à chacun.

« L’homosexualité n’est pas un crime », selon le pape François, qui estime que l’Eglise doit participer à l’abrogation de telles réglementations. Il a cité le catéchisme de son Eglise, selon lequel les personnes homosexuelles y sont les bienvenues et ne doivent pas être marginalisées.

Auprès d’AP, le pape a maintenu qu’à ses yeux l’homosexualité reste un « péché », au même titre que « le fait de manquer de charité envers quelqu’un ». D’après la doxa catholique, les homosexuels doivent être traités avec respect mais cette orientation demeure « intrinsèquement désordonnée ».

« Qui suis-je pour juger ? »

François n’a pas réformé cette approche, tout en faisant de la main tendue à la communauté homosexuelle un marqueur de son pontificat. En 2019, les militants attendaient du pape une déclaration contre la pénalisation de l’homosexualité à l’occasion d’une rencontre avec des défenseurs des droits humains spécialistes de ces lois et des « thérapies de conversion ». Dans les faits, ceux-ci ne s’étaient entretenus qu’avec le numéro deux du Vatican, le secrétaire d’Etat, Pietro Parolin, qui avait réaffirmé « la dignité de toute personne humaine » et s’était prononcé « contre toute forme de violence ».

En 2013, interrogé au sujet d’un prêtre réputé homosexuel, le pape avait demandé : « Qui suis-je pour juger ? » Comme archevêque de Buenos Aires, il avait encouragé les protections juridiques en faveur des couples de même sexe, comme une alternative au mariage homosexuel interdit par la doctrine. En revanche, il avait été critiqué par la communauté LGBT pour un décret de 2021 dont les termes empêchaient l’Eglise de bénir une union homosexuelle.

Le Vatican s’était abstenu de signer en 2018 une déclaration de l’ONU appelant à la dépénalisation de l’homosexualité, au motif que le texte débordait son périmètre initial et faisait mention de « l’orientation sexuelle » et de « l’identité de genre », expressions qu’il jugeait problématiques. A l’époque, le Vatican avait enjoint les nations à éviter les « discriminations injustes » contre les personnes homosexuelles.

« Don’t say gay »

Soixante-sept pays criminalisent l’homosexualité, parmi lesquels onze prévoient la peine de mort, selon AP, qui cite l’ONG Human Dignity Trust. Les lois pénalisant l’homosexualité sont répandues en Afrique et au Moyen-Orient, datant de l’Empire britannique ou inspirées par la loi islamique.

Aux Etats-Unis, une douzaine d’Etats disposent de lois contre la sodomie, en dépit d’une décision de la Cour suprême remontant à 2003 les déclarant anticonstitutionnelles. Des militants des droits des homosexuels dénoncent ces anciens textes comme les nouveaux, à l’instar de la loi floridienne surnommée « Don’t say gay » (« Ne dites pas homosexuel »), qui interdit l’enseignement des questions relatives à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre jusqu’au troisième grade de l’école élémentaire – l’équivalent du CE2. Les Nations unies demandent de longue date la suppression des lois criminalisant l’homosexualité.

Le Monde avec AP

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