Les ministres de l’intérieur de l’UE veulent accélérer les retours des demandeurs d’asile déboutés

Après la pandémie de Covid-19, la question des migrations est redevenue une priorité en Europe. En 2022, Frontex, l’agence européenne chargée des frontières, a enregistré une hausse de 64 % sur un an du nombre d’entrées irrégulières. Quelque 330 000 personnes sont arrivées par la Méditerranée ou les Balkans. Et le Vieux Continent a enregistré 914 000 demandeurs d’asile – l’essentiel des requérants arrivant par des voies légales –, dont plus de 150 000 en France.

Ces arrivées – encore loin des records de 2015, avec près de deux millions de passages irréguliers de frontière, et 2016 (500 000) – ont néanmoins provoqué un engorgement des capacités d’accueil de nombreux pays, parmi lesquels l’Autriche, la Belgique, les Pays-Bas ou la France. Comme les autres Etats de l’Union européenne (UE),  ils avaient profité de la baisse des entrées les années précédentes pour fermer de nombreux centres d’accueil et se sont retrouvés face à l’arrivée à la fois de nouveaux demandeurs d’asile et d’Ukrainiens qui bénéficient, eux, d’une protection temporaire. Ces derniers étaient environ neuf millions, en 2022, à avoir franchi la frontière d’un pays de l’UE.

Pression politique accrue

D’Amsterdam à Vienne en passant par Bruxelles, Rome ou Stockholm, la pression politique sur le sujet de la migration est progressivement remontée courant 2022. Jusqu’à s’inviter bientôt à la table des chefs d’Etat européens, lors d’un Conseil européen exceptionnel, les 9 et 10 février. Avant cela, les ministres de l’intérieur des Vingt-Sept devaient se retrouver à Stockholm, jeudi 26 janvier, pour une rencontre informelle.

Au menu des discussions, la question du retour des étrangers déboutés de leur demande d’asile ou de régularisation. Un sujet qui occupe la France, et l’Europe, depuis une dizaine d’années. Alors qu’en 2020 29 % des étrangers en situation irrégulière rentraient dans leur pays d’origine, ce pourcentage est tombé à 24 % en 2022, selon les données d’Eurostat. « L’année dernière, pour 300 000 décisions de retour notifiées en Europe, 70 000 personnes sont rentrées dans leur pays, détaille Ylva Johansson, la commissaire chargée des affaires intérieures. Nous savons que nous pouvons faire mieux. »

En 2020, la Commission avait fait d’une politique de retour plus musclée l’un des piliers de son pacte asile et migration – un ensemble d’une dizaine de réglementations, toujours en cours de négociation. La question du retour est même devenue une obsession pour Bruxelles, assure Marta Gionco, du réseau d’ONG Picum (plate-forme pour la coopération internationale pour les migrants sans papiers). « Dans ce pacte, le terme “retour” apparaît une centaine de fois, tandis que le terme “droit” n’apparaît, lui, que quatorze fois… », assure-t-elle.

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