Mondial de handball 2023 : des « Blaugranas » au service des Bleus

C’est l’histoire d’une bande de copains qui ont grandi ensemble et qui évoluent à Barcelone, dans le meilleur club du monde. Appartenant à la « génération dorée » du handball français – celle des joueurs nés entre 1995 et 1997 –, Dika Mem, Melvyn Richardson et Ludovic Fabregas sont amis dans la vie et complices sur le parquet. Dimanche 22 janvier, ils retrouveront des visages bien connus en club : l’équipe de France affronte l’Espagne lors de son dernier match du tour principal du Mondial organisé en Suède et en Pologne jusqu’au 29 janvier.

Déjà qualifiées pour les quarts de finale, les deux sélections, qui se sont affrontées à de multiples reprises en compétition internationale, se disputeront la première place du groupe 1. Forfait lors des quatre derniers matchs en raison d’une contracture aux abdominaux, Dika Mem fera son retour sur les parquets dimanche avec les Bleus.

La connexion des trois Blaugranas constitue l’un des atouts de l’équipe de France. « Nous avons une belle relation. Le fait d’évoluer toute l’année dans le même club nous a permis de développer des automatismes, c’est certain, convient Ludovic Fabregas. Nous avons découvert l’équipe de France ensemble dans les catégories jeunes. Notre réussite récompense le travail de formation qui est fait en France, et notamment le rôle important de la fédération. »

Ensemble, ils ont déjà remporté les titres les plus prestigieux : l’or olympique avec l’équipe de France, à Tokyo, en 2021, et les deux dernières Ligues des champions avec le FC Barcelone (arrivé en 2021, Melvyn Richardson n’a remporté « que » l’édition 2022).

« Super potes »

Comme dans le roman d’Alexandre Dumas, les trois Mousquetaires sont quatre en réalité. A peine plus âgé (30 ans), l’arrière Timothey N’Guessan aurait dû être sélectionné pour le Mondial, mais il s’est fracturé la main le 15 décembre face à Nantes. « C’est dommage, avec Tim, Dika et Ludo, nous sommes de super potes », raconte Melvyn Richardson :

« Quand nous étions plus jeunes, notre ambition était de jouer dans la cour des grands. Alors, Barcelone, avec son climat agréable, la mer, la culture espagnole… c’est un rêve ! »

Dernier arrivé de la bande, le fils de Jackson Richardson, fantasque meneur de jeu des Experts, a franchi les Pyrénées en 2021 en provenance de Montpellier, un club avec lequel il avait gagné la Ligue des champions en 2018, dix-sept ans après son père, en compagnie d’un autre jeune prometteur du nom de… Ludovic Fabregas.

Toutefois, à la fin de la saison 2022-2023, ce dernier quittera Barcelone pour le club de Veszprem, le poids lourd du championnat hongrois. Arrivé à l’été 2018, Fabregas est le patron de la défense catalane. En cinq saisons, il aura remporté, outre deux Ligues des champions, quasiment tous les titres possibles au niveau national.

A son arrivée à Barcelone, Melvyn Richardson a aussi retrouvé son ami Timothey N’Guessan, avec qui il avait joué cinq saisons à Chambéry. Son adaptation a été d’autant plus facile qu’il s’exprime facilement en espagnol, son père ayant joué cinq saisons à Pampelune, au Pays basque.

« A Barcelone, il faut remporter tous les matchs et le public est exigeant : il veut voir du beau jeu, poursuit M. Richardson. C’est une machine à gagner dans laquelle la concurrence est rude. Il y a beaucoup de pression, cela représente beaucoup de sacrifices, mais c’est une grande fierté d’être dans le meilleur club du monde. »

L’épine dorsale de Barcelone

Dika Mem, lui, est arrivé plus jeune chez les Blaugranas, à seulement 18 ans. Aujourd’hui considéré comme le meilleur arrière droit de la planète, il est celui qui incarne le mieux la réussite des handballeurs français en Catalogne. Originaire du Val-d’Oise, Dika Mem est venu sur le tard au hand, à l’âge de 13 ans, après s’être essayé au football et au basket, un sport que pratiquent ses frères Lens et Jordan Aboudou chez les professionnels.

Huitième handballeur français recruté dans l’histoire du club catalan, Dika Mem marche sur les traces des précurseurs Jérôme Fernandez, Nikola Karabatic et Cédric Sorhaindo. A Barcelone, il retrouve ce dernier et Timothey N’Guessan, qui le prennent sous leur aile. Auprès de ses aînés, Dika Mem observe, apprend et s’impose dès sa première saison comme titulaire, au point de disputer la phase finale de la Ligue des champions. « J’ai très vite été adopté par le public catalan », confie-t-il.

Au fil des années, la petite colonie française est devenue l’épine dorsale d’une équipe invincible, du moins au niveau national. Le FC Barcelone a remporté les onze derniers championnats d’Espagne et, avec quatre points d’avance sur son dauphin Granollers, le club est bien parti pour décrocher cette saison le douzième titre consécutif.

Auteur de 1 146 buts en 327 matchs avec Barcelone, Dika Mem est un joueur explosif capable à tout moment de renverser le cours d’un match par ses tirs de loin, et qui ne rechigne pas au travail défensif.

« Je me sens comme chez moi ici. Ça fait quelque temps que je joue pour ce club, où j’ai grandi en tant que joueur mais aussi en tant qu’être humain. Je veux marquer l’histoire du club et de mon sport. Au Barça, nous avons tout pour gagner : le groupe, le staff, les supporteurs… », a déclaré le gaucher en mai, au moment de la prolongation de son contrat.

L’arrière tricolore est désormais lié au club catalan jusqu’en 2027. « Chaque année, je franchis un palier, je suis loin d’avoir atteint ma pleine maturité », répète-t-il. Il se sent si bien à Barcelone qu’il se verrait bien effectuer le reste de sa carrière en Catalogne.

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